Est-ce que c'est possible d'oublier? On dit toujours tirer un trait sur le passé, mais lorsqu'on trace un trait, on voit toujours ce qu'il y a écrit derrière. Une rature indique une erreur. Mon passé n'est pas une erreur. Je ne regrette rien. Ni mes erreurs, ni mes disputes, ni mes paroles...

Je me disais que je devrais peut-être rester un peu plus sur mes terres. Certes j'avais jusqu'au là eu l'habitude d'aller à droite et à gauche, mais désormais j'étais chef et c'était mes nouvelles terres. Je devais faire bonne impression à mon Clan comme aux autres. Sinon ils allaient croire que je n'aimais pas mes terres... Au fond je ne savais même pas si je les aimais ou non. Oui, elles étaient jolies, oui il y avait beaucoup de proies, etc... Mais je ce n'était pas ma maison, et je n'arrivais pas à me rendre à l'évidence, à me dire que désormais je vivrais toujours ici. Je ne retrouvais pas la jungle que j'aimais et le château qui abritait mes nuits les plus noires et me protégeait des cauchemares... Tout était si différent ici. Le vent, le ciel, la soleil, la pluie, la lumière... J'avais peut-être besoin de l'obscurité familière.
Je marchais au milieu de la forêt. Ces terres neutres où tout le monde avait le droit d'aller mais où je n'avais pas encore rencontré âme qui vive aujourd'hui. Les autres étaient intelligents: ils surveillaient leurs nouvelles terres.
"Hey, qui va là ?"
Cette voix me sortit de mes pensées. J'affichai un grand sourire.

- Hutan!!!

Je bondis vers lui et m'arrêtais à quelques centimètres, avant de me frotter contre lui. Et lui, que pensait-il des nouvelles terres?

- Comment vas-tu? Tu aimes notre nouveau territoire?

J'espérais qu'au moins mon frère aimait ses nouvelles terres...

Etre heureux. Oui, heureux comme un tigron qui voit un papillon pour la première fois, être heureux comme un oiseau qui découvre les nuages. Pourquoi ne sommes nous pas tout simplement heureux chaque jour et chaque nuit, chaque seconde de notre vie? Est-ce si difficile? Je pense que c'est nous-même qui nous mettons des bâtons dans les roues et nous empêchons d'avancer. Si on se concentre sur le présent, si on se rend compte de tout ce qu'on a, sans penser aux problèmes, en pensant juste aux petites chances que l'on a chaque jour, je suis sûre qu'on peut être heureux.

Oui, lui au moins se plaisait ici. Il n'était pas difficile, il lui suffisait de peu pour être heureux. J'étais pareil en temps normal. Juste un peu trop habituée à mes terres. Ce qui faisait qu'au final j'en venais presque à détester cet endroit.

- Ce n'est rien Hutan... J'ai... juste du mal à me faire aux collines...

J'affichai un sourire à l'intention de mon frère. Il ne devait pas se faire du souci pour rien.

- Ne t'inquiète pas, je finirai bien par considérer cet endroit comme ma nouvelle maison... Comme pour les anciennes terres, comme pour chez vous... Je suis comme ça, il me faut du temps...

Je me dis que je n'aurais peut-être pas dû lui rappeler mon arriver chez Amala et eux. Desfois, il semblait que les deux frères n'ai pas vraiment conscience que je n'étais pas leur vrai soeur et été arrivée plus tard et complètement détraquée... Il m'arrivait de me demander ce qu'ils avaient pensé de moi la première fois. Surtout la première fois où je m'étais mise à huler... Ils avaient dû me prendre pour une folle.

[Pour la dernière partie je sais pas si je l'avais mise dans la présentation de Hutan (vu que c'est un fait secondaire et pas très important) mais sinon il est dans la présentation de Griffe dans le caractère]

"Rien". Comme c'était... Imprévisible. Vous serez d'accord avec moi sur ce point : Le "rien" est bien trop souvent un trop plein. Si c'est pas un nom ironique. Tout comme les points de suspension, qui, s'ils pouvaient parler, diraient bien des choses... Et puis comment pourrait-il ne pas se faire du souci ? Honnêtement, Liarivy, tu connais mal ton frère. Mais passons. Pour vivre heureux, vivons idiots.

_ Je vais faire comme si je ne devais pas me soucier des états d'âme de ma petite soeur, mais bien sûr... Nous n'avons perdu presque personne en arrivant sur ces terres. La "Maison", c'est notre Clan. Je suis certain que tu t'y feras. Walli, Flamme, moi, tous les autres, ont est derrière toi pour te soutenir et faire en sorte que ce soit vraiment "chez Nous".

Hutan lui lécha le museau avant d'afficher un large sourire sur ses babines. Il fit quelques pas et s'écarta d'elle pour la regarder de la tête aux pattes, à la lumière de la lune. Son sourire s'élargit, puis il vint lui donner un petit coup de patte sur le flanc.

_ Tu as bien changé, depuis tout ce temps... On ne dirait plus du tout la tornade colérique qu'Amala a rapporté de sa chasse il y a plus de deux ans ! s'exclama-t-il en riant, en se souvenant de la première dispute entre elle et Walli.

Le rire est la meilleure thérapie du monde, petite soeur...

"Je vais faire comme si je ne devais pas me soucier des états d'âme de ma petite soeur, mais bien sûr... Nous n'avons perdu presque personne en arrivant sur ces terres. La "Maison", c'est notre Clan. Je suis certain que tu t'y feras. Walli, moi, tous les autres, ont est derrière toi pour te soutenir et faire en sorte que ce soit vraiment "chez Nous"."
Je fis un petit sourire triste. Je l'espérais tant... Hutan me lécha le museau en signe de réconfort avant de me regarder, pensif. Son sourire s'élargit, et il me dit:
"Tu as bien changé, depuis tout ce temps... On ne dirait plus du tout la tornade colérique qu'Amala a rapporté de sa chasse il y a plus de deux ans !"
Il se souvenait, lui aussi. Hutan se mit à rire. Sûrement à cause des disputes entre Walli et moi. Celles-ci n'avaient pas changé. Mais nous avions changé, tous autant que nous étions. Moi, j'étais contente d'avoir changé. Je détestais la tigresse que j'avais été à ce moment là. Ma fourrure frôla celle de Hutan une nouvelle fois.

-Je vous dois beaucoup. A vous, et surtout à Amala... J'espère qu'elle va bien. Elle a tant fait pour moi.

Mon regard se perdit dans le vague quelques instants.

- En tous cas elle restera toujours dans mon coeur. Sans elle je ne serais pas ici...
Sans elle, pas de clan, pas de frères comme Walli et Hutan. Sans Amala, pas de joie, pas de tigresse souriante. Sans Amala, je serais morte.

Lily, tu crois vraiment que je n'ai pas vu combien ton petit sourire était triste ? Combien tu semblais en proie au doute ? Certaines choses changent tout le temps, d'autres ne bougeront jamais, ainsi va la vie, petite sœur. Ton regard qui se perd dans le vague... Tu cherches dans tes souvenirs ? Sûrement des souvenirs d'Amala, d'Eux, de la famille qu'ils formaient, tous les quatre...

Hutan ne l'avait jamais dit ou n'y avait jamais vraiment songé, mais en fait, il n'en avait rien à cirer que Griffe ne soit pas leur "vraie" sœur, qu'elle ne soit pas la "vraie fille" d'Amala. Il l'observa, avec son éternel petit sourire. Ainsi donc, c'était ce genre de pensée qui te minait, Lily ? Un instant, le silence s'installa. Le vent fit remuer doucement les branches des arbres et caressa leur fourrure.
Hutan s'assit face à elle, sa queue ondulant un peu dans l'air avant de venir entourer ses pattes. Ses yeux bleus scrutèrent la nuit, puis la tigresse mélancolique.Ahlàlà, sacré Griffe. Il soupira, puis s'adressa à elle.

_ Sans elle tu ne serais pas ici, c'est sûr... Walli et moi non plus. Nous sommes tous là, alors tu n'as pas à ressasser des souvenirs inutilement et broyer du noir. Il faut bien aller de l'avant et vivre avec le temps qui nous est imparti, tu ne penses pas ?

Maintenant, son sourire avait retrouvé tout son éclat. Ce sourire... C'était le sourire rassurant d'un grand frère. C'était le sourire d'un protecteur. C'était le sourire qu'il tenait d'Amala. C'était LE sourire uniquement réservé à Liarivy...

J'ai toujours cru que j'étais seule. Seule à croire qu'un monde meilleur pouvait exisait, seule à penser qu'il y avait des choses à revoir dans la vie. Seule à la tête d'un Clan, seule à ne jamais savoir quoi faire, à douter... Pourtant au final sur tous ceux que nous somme il doit bien y avoir des fous à penser comme moi, des fous qui se croient seuls eux aussi. Il faut regarder autour de nous...

Je regardais Hutan qui réfléchissait, sûrement à mes paroles, sûrement à notre passé, sûrement à tout comme tout le monde. J'adorais ses yeux bleus, ils me rappelaient ceux d'Amala. Si doux, si expressifs, attentionnés...
"Sans elle tu ne serais pas ici, c'est sûr... Walli et moi non plus. Nous sommes tous là, alors tu n'as pas à ressasser des souvenirs inutilement et broyer du noir. Il faut bien aller de l'avant et vivre avec le temps qui nous est imparti, tu ne penses pas ?"
Je fis un petit sourire, avant de fixer le sol. Je réfléchissais tout en parlant:

- Tu as peut-être raison. J'ai toujours trop pensé à mon passé. Je ne fais que ça, toujours, sans cesse... Je regrette toujours les choses que je n'ai plus et je ne profite jamais de ce que j'ai. Lorsque je suis arrivée chez vous, je regrettais ma vie avec ma mère et mon frère; quand on est arrivés chez les Wind, je regrettais notre vie avec AMala... et aujourd'hui... je regrette la jungle des Winds...

Je relevai la tête, affichant un sourire affligé et honteux...

- Qu'est-ce que je peux être ridicule...

Un léger silence passa. La tigresse semblait réfléchir un peu à ses dernières paroles. Elle se mit donc à parler... Et en l'écoutant, son sourire continua à s'élargir imperceptiblement. Éternelle insatisfaite, on dirait. Tant pis, elle était comme ça, et c'était comme ça qu'il adorait sa petite sœur. Et avant qu'elle ne relève la tête, il s'approcha juste assez pour qu'ils soient museau à museau. Une étincelle amusée passa dans son regard bleu qu'elle aimait tant.

_ Ridicule peut être, mais ce n'est pas grave. Tu as des doutes, toute seule à la barre, mais t'es pas seule. Et à force de continuer à l'être, 'fait attention... On pourrait se mettre à te charrier gentiment, ma petite Lyli...

Il lui lécha le bout du museau avec d'aller frotter son visage dans son cou, un vrai bébé tigre. Il lui sourit alors, s'écartant un peu. Son regard se perdit dans le ciel d'encre.

_ Enferme tes doutes, tu n'en as pas besoin pour le moment, dit-il, assuré et baigné par les rayons de lune.

Hutan se rapprocha. Nous étions museau à museau, et je lèvai la tête parce que jétais trop petite. Mes yeux louchèrent quelques instant sur son museau rose et je ne pus m'empêcher de faire un petit sourire timide.
"Ridicule peut être, mais ce n'est pas grave. Tu as des doutes, toute seule à la barre, mais t'es pas seule. Et à force de continuer à l'être, 'fait attention... On pourrait se mettre à te charrier gentiment, ma petite Lyli... Enferme tes doutes, tu n'en as pas besoin pour le moment."

- Le premier qui me charriera aura à faire à moi... dis-je avec assurance et détermination, sans cacher une pointe d'humour qui m'accompagnait toujours.

Ses paroles me réconfortèrent. En ce moment j'avais besoin d'entendre ce genre de choses. C'était comme des encouragement pour m'empêcher de baisser les pattes, m'empêcher d'abandonner les miens pour m'enfermer dans mon malheur personnel. Malheur idiot, car il existait bien pire.

- Je crois que les gens aiment se plaindre. Ils ADORENT ça même. Ca doit être marrant, sans qu'on s'en rende compte. Sinon on s'en lasserait vite.C'est un problème à régler. Mais en attendant, vu que je ne sais pas comment faire, je pense que sans pouvoir m'en empêcher je vais continuer. Et tu finiras par en avoir maaaarre.

Au début, j'avais fait mon ton d'experte. Mais j'avais dit tout ça sur un ton ironique et moqueur, exagérant sur le dernier mot. Mon sourire était bien visible. Je préférais rire et dire n'importe quoi plutôt que de râler encore. Je regardai mon frère, l'air de dire "naaaaaaan-moi-j'ai-rien-dit-t'as-dû-rêver-je-suis-pas-bête-à-ce-point." Puis, un peu gamine, je me roulais par terre.